Paint It, Black (connue également sous son titre originel Paint It Black, sans virgule) est une chanson du groupe de rock britannique The Rolling Stones, créditée Jagger/Richards bien que tous les membres du groupe aient contribué à sa composition, notamment Bill Wyman et Brian Jones.
La chanson sort en single successivement des deux côtés de l'Atlantique à une semaine d'intervalle en mai 1966, et atteint dans les deux cas la première place. En juin 1966, le titre est intégré à l'édition américaine de l'album Aftermath. Paint It, Black est une des chansons les plus connues des Rolling Stones, apparaissant fréquemment sur des compilations et étant désormais presque systématiquement interprétée lors des apparitions du groupe. Originellement nommée Paint It Black, c'est le manager du groupe, Andrew Loog Oldham, qui décide pour une raison obscure d'ajouter une virgule au titre. Keith Richards déclare à ce propos à l'époque : « Ne me demandez pas à quoi sert la virgule du titre — il faut poser la question à Decca ». Oldham, de même que le groupe, était d'ailleurs à l'époque très porté sur les titres à virgules, en témoignent le titre Ride On, Baby, de même que la face B de Paint It, Black dans le single britannique, qui devait à l'origine s'appeler Long, Long While (mais qui fut finalement écrite Long Long While, sans la virgule). La présence de la virgule change du tout au tout le sens du titre. Sans la virgule, le titre se traduit par « Peins ça en noir », alors qu'avec, il signifie « Peins ça, noir ». C'est une nouvelle source de controverse pour le groupe puisque ses membres sont traités de racistes par quelques activistes noirs américains, qui interprètent le titre en « Peins cela, nègre » (Paint it, nigger).
En conséquence, lors de la sortie d'Aftermath aux États-Unis, la virgule est retirée de la pochette. Composée par Mick Jagger et Keith Richards en 1965-1966, Paint It, Black est enregistrée, avec des ajouts mélodiques des autres membres du groupe, lors des sessions de mars 1966 aux studios de RCA Records, à Hollywood. L'idée de base de Jagger et Richards au moment de l'écriture du titre était d'en faire une chanson de soul classique, lente. Lors de l'enregistrement, c'est véritablement Bill Wyman qui dirige les évolutions mélodiques et instrumentales. Il joue de l'orgue Hammond en voulant parodier le co-manager du groupe de l'époque, Eric Easton, qui avait été organiste dans un cinéma. Charlie Watts accompagne l'orgue en jouant une partie de batterie inspirée des sonorités du Moyen-Orient (même si on peut parfois réentendre la même partition que celle utilisée pour (I Can't Get No) Satisfaction) ; c'est d'ailleurs la partie de batterie de Watts qui devient la base de la chanson finale. Ces ambiances sonores moyen-orientales contrastent fortement avec l'ambiance sombre et morbide des paroles de la chanson. Après plusieurs heures de travail, Wyman suggère une accélération du tempo de la chanson, celle-ci quitte alors sa dimension soul. Ce dernier joue des pédales basses de l'orgue (avec ses poings), d'une guitare basse et ajoute un overdub de basse, qui contribuent également à l'importance de la section rythmique du groupe sur cette chanson.
Une autre version de l'histoire, propre à Richards et démentie par Wyman, voudrait que Richards imagina la mélodie de Paint It, Black lors des sessions d'enregistrement et que le titre n'était pas pré-écrit. Brian Jones, qui s'intéressait aux instruments de musique exotiques ou rares, ajoute à la chanson une de ses caractéristiques principales : le riff de sitar, instrument qu'il découvrit lors d'un voyage du groupe aux Fidji du 3 au 5 mars 1966 (c'est-à-dire juste avant l'enregistrement d'Aftermath) où les Stones furent intrigués par sa fragilité et son processus de fabrication. Il déclara au Beat Instrumental Magazine de juin 1966 : « Sur Paint It, Black, j'ai utilisé une position de frette de tierce mineure. Le son que l'on obtient d'un sitar est une progression de blues classique, qui consiste en l'abaissement de la tierce et de la septième, résultat de la superposition de la vieille gamme pentatonique [cinq notes] d'Orient et de la gamme diatonique d'Occident, bien plus familière ». Ce n'est que lors de l'enregistrement que le groupe pense à incorporer un sitar à cette chanson, puisqu'il permet d'obtenir un son « traînant », impossible à avoir avec une guitare classique.
En fait, le riff d'introduction de « Paint It, Black » est exécuté seul par Keith Richards à la guitare électrique (avec un capodastre à la deuxième frette), et c'est la répétition de ce riff, simultanément par Richards à la guitare et par Jones au sitar qui crée l'atmosphère générale de la chanson. Cette utilisation du sitar dans Paint It, Black vient renforcer la fausse opposition entre les Rolling Stones et les Beatles, la presse ayant accusé le groupe, et notamment Brian Jones, d'avoir « copié » l'usage que George Harrison avait fait de cet instrument sur Norwegian Wood (This Bird Has Flown) (de l'album Rubber Soul, sorti six mois avant Aftermath). Malgré les participations importantes de Bill Wyman, de Brian Jones et de Charlie Watts, cette chanson ne fut jamais créditée « Nanker Phelge », pseudonyme utilisé pour créditer un travail du groupe entier, même si l'usage de ce pseudonyme avait déjà été minimisée à l'époque, au profit d'un Jagger/Richards omniprésent. Vers la fin de la chanson, on retrouve le même thème que dans le Boléro de Maurice Ravel. Peut-être les membres du groupe s'en sont-ils inspirés, mais cela reste encore à démontrer. L'enregistrement ayant été réalisé en stéréo, l'instrumentation diffère entre les plages droite et gauche. Ci-dessous un tableau reprenant les musiciens ayant participé à l'enregistrement original.
- Mick Jagger - Percussions, Chant
- Keith Richards - Guitare électrique, Guitare acoustique, Chœurs
- Brian Jones - sitar
- Bill Wyman - Guitare basse, Pédales basses d'orgue Hammond
- Charlie Watts - Batterie, Percussions
- Jack Nitzsche - piano
- Andrew Loog Oldham - producteur
- Dave Hassinger - ingénieur du son
- Titre : Paint It, Black
- Single de The Rolling Stones
- extrait de l'album Aftermath (US)
- Face A : Paint It, Black
- Face B : Long Long While (UK)
- Stupid Girl (US)
- Sortie : Royaume-Uni 7 mai 1966, États-Unis 13 mai 1966
- Enregistré : 6 au 9 mars 1966
- Studios RCA à Hollywood
- Durée : 3:47
- Genre : Rock psychédélique, raga rock
- Format : 45 tours
- Auteur-compositeur : Mick Jagger, Keith Richards
- Producteur : Andrew Loog Oldham
- Label : Decca (UK) / London (US)
- Classement : 1er (UK, US)