Lee Conley Bradley, dit Big Bill Broonzy, est un guitariste et chanteur de blues américain mort le 15 août 1958 à Chicago.
La guitare est introduite aux États-Unis par les vaqueros mexicains venus travailler au Texas. Elle devient très rapidement l’instrument de prédilection des musiciens et chanteurs de blues dans le courant du XIXe siècle. Lee est né dans une famille nombreuse de paysans afro-américains, fils de Frank Bradley et Mittie Belcher. Sa date de naissance est incertaine, il déclare être né en 1893, mais selon Bob Riesman, il est plus probablement né le 26 juin 1903 sous le nom de Lee Conley Bradley. Le jeune Lee Conley, dit plus tard Big Bill Broonzy, joue d’abord du violon et du banjo lors des mariages et des fêtes familiales. Il passe 2 ans en Europe sous les drapeaux en 1917. Mais c’est en tant que guitariste qu’il commence sa carrière au milieu des années 1920 à Chicago. Il rencontre Papa Charlie Jackson qui lui enseigne la guitare et l'embauche pour l'accompagner. Lee enregistre son premier 78 tour en 1927 chez Paramount Records. Deux ans plus tard, il connaît son premier grand succès avec Big Bill Blues, qui lui assure une réputation qui durera jusqu’à sa mort.
Il enregistre plus de 300 faces de disque en vedette et autant en qualité d’accompagnateur d’autres grands bluesmen (Washboard Sam, Jazz Gillum, Memphis Slim, entre autres). Chanteur à la voix forte, claire et prenante, au ton déclamatoire, il est un guitariste complet, véloce et bondissant dont le style innovant sera abondamment imité. Son immense talent et sa personnalité chaleureuse le rendent populaire auprès de la communauté noire de la ville de Chicago, pendant la période (1930-1942) qui représente l’âge d’or du Chicago blues. Après la guerre, son style devient moins fruste, plus policé, urbain et électrifié. Il est l’un des premiers bluesmen à venir en Europe et notamment en France (1951), et nul autre que lui n’aura eu plus d’importance pour la propagation du blues au moment où celui-ci semblait en voie de disparition.
Doté d’un remarquable sens commercial, il abandonne alors sa guitare électrique et sa section rythmique pour revenir à la formule soliste des origines et il est présenté comme « un laboureur noir du Sud » ou comme « le dernier des bluesmen vivants » interprétant les vieux chants folkloriques du Sud. Dans le disque Hollerin’ and Cryin’ the Blues (enregistré en France), il chante le célèbre Baby please don't go, des « traditionnels » comme John Henry ou le « spiritual » Nobody Knows. Figurent également des extraits d’un de ses concerts à la salle Pleyel avec la participation du grand pianiste Blind John Davis. Atteint d'un cancer de la gorge et des poumons, ce grand créateur du blues meurt en 1958, un peu oublié à Chicago mais salué par toute la presse dans une Europe qui s’est mise à l’heure du « blues revival ». Il est inhumé dans le Lincoln Cemetery à Worth Township dans l'Illinois.
- 1956 : Big Bill Blues 1956 (Disques Vogue)
- 1991 : Black brown and white 1951 (Polygram)
- 2004 : The Godfather of Chicago Blues (Saga Blues)
- 2005 : The complete Vogue Rec' (Sony)
- 2006 : Amsterdam Live Concerts 1953 (Munich Records)
- Baby I done got wise : Big Bill nous raconte l'histoire d'un homme, que l'amour a rendu aveugle (un classique, dans la création). Heureusement, la raison l'emportera lorsque celui-ci se rendra compte de la duplicité de sa femme.
- Just a dream (On my mind) : l'une des chansons qui a su faire honneur au Blues. Big Bill rencontrera un succès énorme avec ce titre. Le héros de cette histoire, à qui la vie a souri, se désespère de son triste quotidien : ces anges qui passent et l'or qui coule laissent place à une grande solitude. La revanche de l'esprit sur le consumérisme...
- That's all right baby : ce morceau est, en quelque sorte, une réponse aux musiciens détracteurs du Blues. En effet, ces derniers lui reprochaient d'être une "petite" musique, accompagnant de la "chansonnette". Les artistes de l'époque eurent l'idée d'intégrer au Blues des instruments traditionnellement utilisés dans le Jazz, rendant alors certains titres de Blues confus…
- I.C. Blues : I.C. pour Illinois Central, le chemin de fer reliant la Nouvelle-Orléans à Chicago. Cette ligne amenait les campagnards des États du Sud vers le monde moderne et ses industries. Au travers de cette chanson, Big BIll nous livre toute la nostalgie de sa région natale.
- Cotton Choppin' Blues : le chopping (désherbage manuel) était une tâche rude et cassante pour l'homme. Les champs de coton du Delta étaient désherbés par une main d’œuvre servile et sous-payée. Sans cette intervention humaine, la pousse de coton étouffait et compromettait la récolte. Aujourd'hui, le désherbage est chimique et Big Bill aurait probablement composé et écrit un "Monsanto Blues"...
- These ants keep biting me : cette chanson, dont le titre fait référence à l'expression familière « I got ants in my pants » (J'ai des fourmis dans le froc), est personnelle et Big Bill de son instabilité, sa quête du « toujours plus »…
- Pneumonia Blues : comme aujourd'hui, ce sont les peuples les plus pauvres (aux États-Unis, c'est la population noire) qui ont à souffrir des maladies les plus dévastatrices. En 1927, Victoria Spivey écrivit T.B. Blues (Blues de la Tuberculose). Big Bill s'en est inspiré, alertant sur ce mal qu'est la pneumonie.
- Hattie Blues : Hattie incarne la femme infidèle. Probablement la chanson où Big Bill pousse sa voix aussi haut dans les aigus, criant sa complainte.
- That number of mine : la population noire, parquée dans des ghettos aimait à se distraire par des loteries clandestines. C'est ici une ode au hasard, à la chance de tirer le bon numéro que Big Bill fait référence.
- Big Bill Blues (1956) de Jean Delire, Ours d'argent au festival de Berlin, (filmé dans un club à Bruxelles)